J'aime parler. En vrac. Je laisse aux autres le soin de ranger et à mes idées celui de vivre leur vie en toute indépendance. Vis ta vie camarade et débrouille toi ô interlocuteur ! Et dans ce fouillis verbal, quelques expressions reviennent, comme à la maison. "C'est rigolo !" tient la place de la grande soeur, "grave !" est son petit frère. N'est pas Shakespeare qui veut.
Moi, je fais des mathildismes. Modestement.
Bien sûr, elles sont agaçantes ces expressions polissonnes qui ne demandent pas la permission. Elles se prennent pour qui d'abord ? De la précision que diable ! Ar-gu-mente, on comprend rien. Je vois bien le silence de mon interlocuteur, j'entends son regard vitreux et interrogateur.
A moins que ce soit l'inverse (mais entend-on vraiment le silence et voit-on la transparence ?...).
A quoi ça sert de parler si l'on ne doit rien comprendre ?
A vivre. Spontanément. Comme un dessin d'enfant.
Vous avez déjà analysé des dessins d'enfant vous ? Compris quelque chose à ces vaches qui ressemblent à des libellules ?
Non bien sûr.
Faites pas semblant, ils sont couchés à cette heure, vous pouvez pas les vexer.
On peut plus baragouiner passé 10 ans, l'âge fatal à deux chiffres où l'infinité des possibles se restreint ferme.
Faut grandir on nous dit. Les dessins, on les archive, les pensées tu les organises. Coucouche panier.
On ne se rend compte de rien bien sûr. La Grande Arnaque Universelle. Mais quand tu te mets à écrire, ton oreille change. Faut rien perdre, chaque mot peut être utile. Y compris les tiens. Halte au gaspillage, écologie mon Amour.
Et là fatalement (miséricorde divine !) tu écoutes enfin ce que tu dis.
Et c'est un beau bordel, faut bien l'admettre. Fort logiquement, tu te demandes ce que c'est que cette matière informe que tu livres en vrac au premier venu et pourquoi...
Une autorisation que tu te donnes de vivre. Pas si grave en somme. Poétique. Et il existe des traducteurs. Ceux là garde les, ils te conduiront loin. C'est pas parce qu'on est en recherche de soi-même qu'on doit marcher seul.
